Coût de la Rentrée 2024

Les aides disponibles permettent-elles vraiment aux étudiants de faire leurs années d’études sans compromettre leur santé physique ou mentale ou de mettre en danger leur réussite scolaire pour vivre décemment ?

Présentation de l'indicateur

3156,55€

C’est la somme qu’un étudiant en première année de licence décohabitant et non boursier devra dépenser le premier mois de sa vie étudiante. Depuis des années, ces angoisses sont mises de côté par le gouvernement sous prétexte qu’il est normal pour un étudiant de vivre sous le seuil de pauvreté pendant ses études.

Ce constat de précarité est fait depuis plusieurs années par l’AFGES sans que les instances de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche n’agissent concrètement. Les étudiants souffrent de l’inflation, mais ne reçoivent pas d’aide suffisante pour satisfaire leurs besoins. Ils ne bénéficient pas tous du soutien financier de leurs parents ou de leur tuteur ou tutrice. Cela aggrave en plus les disparités entre les étudiants et menace la santé physique et psychique de l’étudiant.

Il est important que les pouvoirs publics saisissent cette situation alarmante pour lutter contre la précarité des étudiants qui est souvent mise de côté.

Depuis 19 ans

L’AFGES réalise son indicateur du coût de la rentrée à l’approche de la rentrée universitaire. L’indicateur met en avant le profil d’un étudiant non boursier décohabitant, ce qui représente le profil étudiant majoritaire dans l’enseignement supérieur. L’indicateur du coût de la rentrée est divisé en deux types de frais principaux :

  • Les frais de vie courante, fixes au cours des différents mois de l’année : loyers et charges locatives, alimentation, loisirs, transports, téléphonie et internet, vêtements et produits d’hygiène et d’entretien, …
  • Les frais spécifiques à la rentrée universitaire : frais d’inscription, paiement de la Contribution de Vie et de Campus (CVEC), frais d’agence, souscription à une assurance logement, une complémentaire santé et achat de matériel pédagogique, …

Parce que les publics étudiants sont toutefois pluriels et rencontrent des situations variées, l’indicateur met également en lumière plusieurs frais modulaires selon certains cas de figures : achat de protections périodiques et d’antalgiques pour les personnes menstruées, frais de transports pour les étudiants ultra-marins venant étudier en métropole, frais d’inscription différenciés pour les étudiants extracommunautaires, … 

Outre le profil de l’étudiant non boursier décohabitant, cet indicateur présente aussi le profil d’un étudiant boursier en licence à l’échelon maximal (7/7), en chambre universitaire et avec un quotient familial élevé et celui d’un étudiant extra-communautaire ne pouvant pas bénéficier de bourses.

Une augmentation du coût de la rentrée

3,04%

En 2024, les frais spécifiques à la rentrée se sont vus augmentés de 80,43€, soit 4,48%, passant de 1 796,54€ à 1 876,97€.
Les frais de la vie courante ont, quant à eux, vu une augmentation de 1,01% passant de 1 266,76€ à 1 279,58€.

Pour la rentrée universitaire 2024-2025, l’AFGES constate une augmentation du coût de la rentrée. Une augmentation de 3,04% est estimée, soit 3 156,55€ à débourser le mois de septembre pour un étudiant non boursier décohabitant.

Les profils de l’étudiant boursier en licence à l’échelon maximal (7/7), en chambre universitaire et avec un quotient familial élevé et celui d’un étudiant extra-communautaire ne pouvant pas bénéficier de bourses ont eu aussi connu une augmentation significative de respectivement 2,32% en passant à 2 783,95€ de dépenses durant la rentrée, et 2,97% avec 5 831,55 € de dépenses.

Outre l’augmentation de 2,9% des frais de scolarité passant de 170€ à 175€ en licence et une augmentation de 3% de la CVEC, passant de 100€ à 103€, le dépôt de garantie de 561€ en moyenne est un poste de dépense qui précarise encore plus un étudiant à la rentrée.

Parmi les postes de dépense ayant le plus augmenté depuis la rentrée 2023, il y a l’assurance logement dont le prix est passé de 56€ à 86,06€ ce qui équivaut à une augmentation de 50,10%. De plus, le prix des manuels scolaires et du matériel pédagogique s’est vu augmenté de 16,69% passant en moyenne de 151,22€ à 176,46€ en 2024.

Focus

Frais de scolarité et CVEC

La rentrée universitaire représente toujours un coût considérable pour les étudiants, les mettant en grande difficulté financière. Depuis 2018, le gel des frais universitaires limitait en partie les freins financiers à la poursuite d’études.

Malheureusement cette mesure n’aura été que temporaire puisque pour la rentrée 2024-2025 les frais universitaires en France ne seront plus gelés.

Cette augmentation aura un impact néfaste sur l’accès à l’enseignement supérieur pour des centaines de milliers d’étudiants qui devront s’acquitter de 175€ pour une inscription en licence (+5€), 250€ en master (+7€) et 391€ en doctorat (+11€).

Augmenter les frais universitaires ne peut pas être la réponse au manque de financement de l’enseignement supérieur et la recherche. Ces quelques euros d’augmentation peuvent sembler dérisoires, mais représentent pour nombre d’étudiants des repas sautés. Les étudiants ne doivent pas avoir à faire un choix entre manger et étudier. L’AFGES, ainsi que la FAGE, défendent un enseignement supérieur accessible, permettant à toutes et tous de pouvoir s’émanciper. Il est aujourd’hui nécessaire que le gouvernement n’abandonne pas les établissements publics, les étudiants ne pouvant pâtir du manque de financement alloué aux universités.

L’AFGES milite ainsi pour la reconduction du gel des frais universitaires précédemment en vigueur.

Dès leur entrée dans l’enseignement supérieur, les étudiants se heurtent à un premier obstacle : la difficulté à trouver un logement abordable leur permettant de poursuivre leurs études. Entre prix, proximité du lieu d’étude, accessibilité des transports en commun, état des logements, et crise immobilière globale, les défis sont nombreux. Pour les surmonter, les étudiants doivent rogner leur budget et se priver de dépenses essentielles.

En effet, la rentrée 2024 a été marquée par une hausse de 2,8% des loyers qui se trouvent à 561 euros en moyenne, faisant du logement le 1er
poste de dépense de la population étudiante. Pourtant, l’accès à un logement est une étape importante de la vie d’un jeune étudiant, constituant souvent une condition nécessaire à la poursuite d’une formation académique, et représentant un fort marqueur social et parfois une condition à l’émancipation.

Strasbourg étant en zone tendue, il est déjà difficile de trouver un logement pour un nouvel étudiant et un loyer à 561 euros en moyenne n’est pas abordable pour tout le monde.

Afin d’améliorer la situation des étudiants, l’AFGES milite pour la revalorisation du montant des APL et l’augmentation du forfait charges, la suppression du mois de carence et la reprise de versement rapide des APL en cas de déménagement, pour prendre en compte le rythme spécifique aux étudiants et leur forte mobilité interrégionale et pour l’accès à la garantie VISALE à l’ensemble des étudiants, en s’assurant de son respect et sa reconnaissance auprès de l’ensemble des bailleurs. 

Les résidences universitaires du Crous permettent aussi aux étudiants de bénéficier de loyers abordables, cependant aujourd’hui, les CROUS ne proposent à l’échelle nationale que 1 logement pour plus de 17 étudiants, dont 1 logement pour 4 étudiants boursiers. 

C’est bien trop peu, puisque seulement 55% des demandes d’étudiants débouchent sur une attribution effective de logement CROUS. Alors que 37% des étudiants qui n’en ont pas aimeraient avoir un logement CROUS, ils et elles se voient dans l’obligation de trouver d’autres solutions de logement, souvent à tarifs bien plus élevés.

 

Revendications

L'AFGES milite pour :

  • L’ouverture des repas CROUS à 1€ pour toutes et tous sur les sites de restauration étudiante.
  • Un accès à la restauration à tarification sociale à 3€30 et 1€ sur l’ensemble des sites de formation.
  • Le développement de conventionnements afin de garantir un accès à une restauration à tarification sociale sur l’ensemble des sites de formation
    délocalisés et sur les lieux de stage.
  • Permettre aux étudiants de bénéficier des APL pour 2 logements en simultané, notamment lors de situations de stage et d’alternance.
  • L’accès à l’ensemble des services de vie étudiante pour tous les étudiants, y compris sur les sites d’équilibre et éloignés des campus principaux.
  • La mise en place d’équipements sportifs et infrastructures gratuites à proximité de chaque résidence CROUS.
  • Un pass culture européen pour l’ensemble des jeunes de 15 à 30 ans et donc pour l’ensemble des étudiants.
  • La suppression du palier maximal d’exonération des frais d’inscription de 10% pour les établissements d’enseignements supérieur.
  • La suppression des droits différenciées pour les étudiants extracommunautaires, pour ainsi les réaligner sur les frais d’inscription nationaux
  • L’extension de l’exonération automatique des frais d’inscription accordée aux étudiants réfugiés et bénéficiaires d’une protection subsidiaire à toutes les personnes en situation d’exil.
  • Un accès aux bourses sur critères sociaux dès l’arrivée en France des étudiants extra-communautaires.
  • La mise en place d’un Plan Student at Risk, qui permet d’accueillir les étudiants en danger dans leur pays.
  • La gratuité des transports en commun pour tous les étudiants.

Réforme des bourses

À Strasbourg, 50% des étudiants interrogés n’ont pas les moyens d’acheter des fruits et légumes frais chaque semaine, tandis que selon l’OVE 2023, 59% des étudiants qui se salarient considèrent que leur travail est indispensable pour vivre.

En 2022-2023, la proportion de boursiers est de 36,3 %, taux en baisse de 1,4 point par rapport à l’année précédente, et part la plus faible depuis 10 ans. L’augmentation constante de la précarité et du salariat subi pour subvenir à ses besoins est la preuve que le système d’aides sociales actuel est inadapté à la réalité étudiante actuelle.

En mars 2023, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Sylvie Retailleau annonçait une revalorisation du montant des bourses sur critères sociaux ainsi que la hausse des plafonds d’attribution, permettant un accès aux bourses à une plus grande partie des étudiants. Ces mesures paramétriques étant loin d’être suffisantes, une 2ème partie de la réforme a été annoncée et essentielle pour la rentrée 2025. Afin de garantir un enseignement supérieur plus juste et accessible à tous, l’AFGES et la FAGE appelle à une réforme profonde et équitable du système d’aides sociales à l’étudiant.

Pour répondre à l’urgence sociale :

  • L’élargissement du nombre de boursier, avec un objectif direct d’1 million d’étudiantes et étudiants bénéficiaires
  • L’indexation des plafonds d’accès aux bourses sur le SMIC et de leur montant sur l’inflation.
  • La territorialisation par la mise en place d’un montant forfaitaire, prioritairement en Île-de- France.
  • L’ouverture des bourses sur critères sociaux aux étudiantes et étudiants extracommunautaires et doctorantes et doctorants non financés.
  • Le transfert de compétences des bourses des formations sanitaires et sociales des régions vers les CROUS.
  • La mise en place d’un guichet unique d’aides sociales étudiantes sous la forme du Dossier Social Etudiant.

Pour permettre l’émancipation, une réforme des bourses sur le long terme :

  • Défamilialisation : pour une réelle appréciation de la situation de l’étudiant.

Le système d’aides sociales à l’étudiant doit passer d’une logique familiarisée à un fonctionnement basé sur la solidarité nationale, reposant
sur une bourse compensatoire de base. Ainsi, il est de la responsabilité de l’État de verser la différence entre les prestations sociales perçues et le
seuil de pauvreté. Le jeune doit être considéré comme un citoyen à part entière, existant hors de son foyer familial. Il convient donc de mettre fin
au rattachement aux parents dès l’entrée dans le supérieur et de supprimer la demi-part fiscale pour en redistribuer les avantages.

  • Universalisation : pour une bourse accessible à toutes et tous

L’État doit garantir à chaque étudiant de vivre au-dessus du seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec des ressources a minima supérieurs à 50% du
revenu médian.

  • Territorialisation

L’aide sociale à l’étudiant doit être territorialisée afin de s’adapter aux besoins propres à chacun. Sur les territoires déterminés comme zones
tendues, dont le coût de la vie excède fortement la moyenne nationale, il doit être prévu un supplément au montant de base.

Les actions de l'AFGES au quotidien

Une action concrète de l’AFGES au quotidien est le projet des AGORAé. Il s’agit d’un dispositif lancé il y a plus d’une décennie par la FAGE et il existe aujourd’hui 41 AGORAé à travers toute la France.

À Strasbourg, l’AFGES s’occupe de deux AGORAé, aussi dites épiceries sociales et solidaires. Elles se situent à Gallia et à Esplanade. L’AFGES possède aussi un AGORA’truck, une épicerie mobile qui permet de faire bénéficier des prix avantageux aux étudiants des différents campus excentrés.

Les AGORAé apportent une aide, principalement alimentaire, à des étudiants en difficulté financière. Dans des espaces aménagés en libre service sont mis à disposition des bénéficiaires des produits variés et de qualité comme des produits alimentaires, d’hygiène, d’entretien et des fournitures scolaires à prix réduits (jusqu’à 90 % par rapport aux prix usuels).

Grâce à cette aide, les bénéficiaires peuvent se concentrer pleinement à la réussite de leurs études sans être obligés d’avoir recours à un salariat subi.

Les AGORAé sont aussi des lieux de vie ayant pour vocation d’être agréables et accueillants pour tout étudiant en recherche d’information, de conseils, ou simplement d’un peu de convivialité. Des actions de prévention, de sensibilisation aux bonnes habitudes alimentaires ou à la consommation responsable ainsi que des activités culturelles y sont organisées. Les lieux de vie proposent également une section « seconde main » avec des vêtements, de l’électroménager et de la vaisselle à prix réduits pour tous.

Depuis maintenant 7 ans, l’AFGES met en place un dispositif de logement provisoire. Ce dispositif ayant lieu chaque année à la rentrée universitaire permet aux étudiants ne trouvant aucun logement et risquant de n’avoir aucun toit au-dessus de la tête d’être logés dans des auberges durant 11 jours renouvelables. Outre le fait de loger les étudiants en ayant besoin, l’AFGES les accompagne dans leur recherche de logement ainsi que dans les autres problématiques pouvant les toucher.

Ce dispositif tend à pallier les problèmes actuels de l’immobilier à Strasbourg qui on le rappelle est actuellement une zone en tension immobilière où l’offre de logement est inférieure à la demande. Cette tension fait augmenter énormément les loyers privés ce qui empêche bon nombre d’étudiants de pouvoir trouver un logement face à un parc locatif du CROUS qui est bien trop vite saturé car il donne trop peu de logements à disposition.

Méthodologie

Tu peux retrouver la méthodologie que nous avons utilisé pour calculer le coût de la rentrée en téléchargeant le document disponible en cliquant sur le bouton ci-dessous !